Il y a plus de mille ans, en 987, le château royal de Senlis vit l'élection du roi de France Hugues Capet.

Le château royal de Senlis est un site remarquable, non seulement de l'histoire de Senlis, mais aussi de l'Histoire de France. L'ensemble formé par le château, le rempart du IIIe siècle et l'hôtel de Vermandois constitue le premier palais des Capétiens. C'est également un ensemble architectural unique témoignant des structures du pouvoir de l'époque. Pour en prendre la mesure, remontez le temps avec nous pour un voyage de près de 2000 ans...

Château Royal de Senlis sous l'orage

Sommaire :

Château Royal de Senlis - Plan

Plan extrait de : «Senlis, Site Historique du château royal, plan des vestiges archéologiques» Jean-Pierre Paquet, ACMH d’après Georges Matherat. Décembre 1946, Bibliothèque Municipale de Senlis. Plan dressé d’après les Fouilles de Georges Matherat. L’interprétation de certains espaces fait encore l’objet de discussion et peut toujours évoluer. Voir le plan entier en haute définition sur le site des archives de la médiathèque de Senlis.

Senlis, site patrimonial remarquable

Senlis dispose de l’un des premiers "secteurs sauvegardés" créés par André Malraux en 1965 (devenus des « Sites patrimoniaux remarquables » depuis 2016). Parmi les monuments de la ville, aux abords de la cathédrale, le château royal et l’hôtel de Vermandois constituent un ensemble patrimonial unique, un condensé de l’histoire de France avant le Louvre et Versailles. Au IXe et Xe siècles, le château Carolingien est fréquenté de manière saisonnière par la cour. Le château royal s’impose par son histoire attachée directement à la naissance de la Nation française, avec la mort de Louis V, suivie de l’élection d’Hugues Capet en 987, et par la rareté et l’ancienneté de ses vestiges. Reconstruit à partir de 1131 en utilisant le rempart antique, il a été remanié à toutes les époques jusqu’au début du XXe siècle. Les vestiges du château capétien entremêlent le rempart gallo-romain du IIIe siècle, la tour maîtresse, les ruines du château de Louis VI dit « Le Gros », la chapelle Saint-Denis inaugurée en 1142 sous le règne de Louis VII dit « Le Pieux », la chambre et le cabinet de travail de Saint-Louis, qui suit à Senlis la construction du prieuré Saint-Maurice vers 1262. Une partie des réaménagements et de la décoration murale reprise sous Charles V et Henri II subsiste encore dans les vestiges du bâtiment (Voir le plan détaillé du site de la médiathèque de Senlis). Édifié au cours de la première moitié du XIIe siècle, le château royal de Senlis est la plus ancienne résidence palatiale des rois de France capétiens encore conservée en élévation. Les exemples de palais civils de cette période sont, en eux-mêmes extrêmement rares. L’ensemble formé par le palais, la chapelle, le rempart, le donjon roman, le prieuré Saint-Maurice et l’hôtel de Vermandois, est unique dans l’histoire de l’art français.

Sur quelques centaines de mètres carrés, toutes les structures politiques et sociales du XIIe siècle sont perceptibles et conservées, avec une résidence royale, une résidence comtale, une fondation religieuse royale, l’ensemble se trouvant au cœur d’un système d’enceinte du Bas Empire. Les circulations d’origine entre le château royal et l’hôtel de Vermandois sont conservées, dont la portion de rempart par laquelle Louis VI allait rendre visite à son cousin germain, Sénéchal et compagnon d’armes, Raoul Ier de Vermandois. Il est à noter que si la cour est itinérante au Moyen Âge, les séjours royaux à Senlis sont loin d’être anecdotiques. Les sources révèlent que jusqu’aux XIVe et XVe siècles, des actes royaux sont régulièrement signés à Senlis, les rois entretenant des liens étroits avec le territoire. C’est à Senlis que la reine Adélaïde, épouse d’Hugues Capet, fonde la collégiale Saint-Frambourg, en remerciement du sacre de son mari. Robert le Pieux s’y rend régulièrement pour rencontrer l’abbé de Crépy-en-Valois. Louis VI réside régulièrement à Senlis pour se rendre à l’abbaye de Chaalis, qu’il a fondé en 1137. C’est l’Évêque de Senlis, Guérin, que choisit Philippe Auguste pour être Chancelier de France, c’est également près de Senlis au lieu dit « la Victoire » que Philippe Auguste fonde un établissement religieux en action de grâces pour la bataille de Bouvines. Entre 1180 et 1185, Isabelle de Haînaut, vit au château. En 1184, une assemblée de prélats et de Seigneurs se réunit à Senlis, prête à la répudier. Pieds nus et habillée en pénitente, elle aurait fait à pied le tour des églises de la ville. Philippe Auguste renonce et la garde auprès de lui. Sur le site du château royal, Saint-Louis qui réside régulièrement à Senlis, fonde le Prieuré Saint-Maurice. Il installe une partie de ses appartements dans l’une des tours du IIIe siècle intégrée au château. Les actes signés par Philippe IV indiquent qu’il se rend à Senlis pour des séjours de 5 à 10 jours au moins une fois par an, à la belle saison entre 1287 et 1301. Le palais est celui du plaisir des rois, bien avant les châteaux de la Loire.

L’hôtel de Vermandois possède une très grande proximité stylistique avec le château royal, dont il est comtemporain. Les murs de l’aula sont rythmés d’arcades plein cintre de 5,20 m de hauteur, encore partiellement couvertes d’enduits médiévaux. L’extérieur, largement repris aux XVIe et XVIIe siècles, ne laisse pas deviner que derrière le parement, l’ancienne maison canoniale, transformée en palais comtal au XIIe siècle est complète dans toute son élévation et intègre, comme le palais royal, une tour de l’enceinte antique et une partie de sa courtine. L’ensemble du château et de l’hôtel constitue de fait, un site exemplaire, emblématique des origines de la dynastie capétienne et de ses structures sociales et politiques, dans un contexte urbain exceptionnel.

La "mission Bern" de sauvetage du patrimoine en péril, a choisi le château royal

Le dossier de candidature proposé à la Fondation du Patrimoine par la municipalité, aidée par la Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis (SHAS) a porté ses fruits ! Le château royal de Senlis a été retenu en mars 2018 dans la liste des 250 monuments et sites éligibles au budget issu du Loto du Patrimoine lancé en septembre 2018 par le Ministère de la Culture, suite à la mission « sauvegarde du patrimoine « confiée par le gouvernement à l’animateur de télévision Stéphane Bern. Une loi de Finances a en effet institué un tirage du loto, le 14 septembre 2018, et la vente d’un jeu à gratter, dont les recettes respectives ont été affectées à la restauration du patrimoine en péril. Les recettes ont été versées à la Fondation du Patrimoine et  complétées par des entreprises et le grand public, au titre du mécénat. Ce tirage du loto a eu lieu trois années consécutives. En dehors des 14 monuments emblématiques qui figuraient sur les jeux à gratter et qui ont vu leur restauration intégralement financée. Les 252 monuments de la liste ont touchés une aide d’un montant déterminé pour chaque monument par le Président de la Fondation du Patrimoine. Le 3 septembre 2018 a vu le lancement de la vente des jeux de grattage, avant le tirage du 14 septembre. Les recettes habituellement prélevées par l’État sur chaque tirage (environ 20% des sommes récoltées) ont été cette fois-ci affectées à la restauration du patrimoine. Une belle façon de célébrer les Journées Européennes du Patrimoine, qui ont lieu traditionnellement le troisième week-end de septembre !

Pourquoi Senlis et son château royal, ont-ils été retenus à l’échelle nationale ?

Le château royal de Senlis est la plus ancienne résidence des rois de France capétiens conservée en France. Moins de cinq palais civils de la première moitié du XIIe siècle sont conservés en France, dont le château royal de Senlis et l’Hôtel de Vermandois. C’est également là qu’Hugues Capet a été élu Roi des Francs par ses pairs. Au sens archéologique, l’état de conservation de ces deux sites est exceptionnel et leur architecture comporte des éléments stylistiques qui constituent des points de repères importants pour l’histoire de l’art. Avec la résidence royale, reliée à la résidence comtale par le rempart, à deux pas de la cathédrale et les fondations religieuses royales, cet ensemble qui tient sur un tout petit périmètre est une illustration unique des structures économiques et sociales des XIIe et XIIIe siècles.

Un symbole de l’histoire de France
L’objectif du projet proposé à la mission Stéphane Bern était clair : assurer la sauvegarde et la pérennité du site, et permettre à chacun de franchir ses portes. L’opportunité s'était présentée permettant d’ouvrir à tous des espaces actuellement condamnés par des grilles. Le projet devait comporter un parcours sur plusieurs niveaux dans le donjon, l’aménagement et l’ouverture du rempart au public pour proposer un panorama sur la ville, l’ouverture des appartements du roi, avec son oratoire et son cabinet de travail. Ceux-ci conservent des décors médiévaux exceptionnels et offrent un aperçu de l’intimité des rois. L’ensemble des universitaires et chercheurs qui étudient Senlis s’accordent sur un point : la Ville possède un patrimoine absolument exceptionnel, équivalent, par sa densité, au patrimoine d’une ville de plus de 50 000 habitants avec toutes les charges d’entretien et de valorisation qu’un tel ensemble implique. Or, pour répondre à ce défi, Senlis ne disposait que des structures et des moyens d’une ville d’environ 15 000 habitants ! Cette situation procède d’un héritage historique dont les racines remontent notamment aux XVIe et XVIIe siècles, lorsque les centres économiques et politiques se sont déplacés vers Paris. Au vu de la densité du patrimoine laissé par les rois, il était donc impossible de tout restaurer en même temps. De fait, pour certains bâtiments comme le château royal, les interventions ponctuelles que peut se permettre la Ville au regard de ses moyens ne suffisent pas à empêcher une dégradation certes lente, mais bien réelle. L’appel lancé par Senlis n’a pas manqué d’attirer l’attention de la Mission Bern et de la Fondation du Patrimoine, qui avait initialement classé le château royal en tant que site à prioriser dans sa liste du patrimoine des Hauts-de-France.

L’opération « loto du Patrimoine » liée à la « mission Bern »

Le dispositif était le suivant :

 

La fondation du patrimoine et la "mission Bern" au secours du Château Royal de Senlis, découvrez le reportage diffusé dans le 19/20 de France 3 : "Patrimoine un loto pour sauver le château de Senlis"

Le Château royal dans "L'émission Patrimoine" sur France 2 :

L'Emission Patrimoine - Ancien château royal de Senlis

Le site de la Mission Stéphane Bern : www.missionbern.fr

Le château royal en images :

Parc du Château Royal

Vue panoramique du site où l'on découvre au premier plan le rempart gallo-romain prolongé par le Château royal, la chapelle et le donjon, puis sur la droite le prieuré Saint-Maurice et en arrière-plan, la Cathédrale. © image France 3.

Partez à la rencontre du lieu en compagnie de Jean-Marc Popineau, vice-Président de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis, dans un extrait du film "Senlis la Royale" de François Cauwel, produit par France 3 Nord-Est et Picardie. Pour prolonger votre exploration de senlis au-delà de son château royal, retrouvez le film en intégralité sur la page : Senlis, ville de Cinéma

Senlis la Royale © France 3 HDF - Extrait Château Royal

Venez découvrir le site :

Senlis - Château Royal

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Le Pays d'Art & d'Histoire de Senlis à Ermenonville

Senlis fait partie du "Pays d'Art & d'Histoire de Senlis à Ermenonville" pour en savoir plus, rendez-vous sur la page du PAH.