Entre 2009 et 2017, la Ville de Senlis a entrepris une rénovation complète de l’ancienne Église Saint-Pierre. Deux phases de travaux ont été entreprises : mise en conformité de l’électricité et la mise aux normes de sécurité et d’accessibilité...
Le site, devenu "Espace Saint-Pierre" accueille de nouveau le public depuis janvier 2017.

Saint-Pierre de Senlis : près de 1000 ans d’histoire et d’architecture

Saint-Pierre constitue l’une des plus anciennes églises de Senlis et la plus importante église paroissiale de la ville sous l’Ancien Régime. Tout au long de ses huit ou neuf siècles d’existence, l’église a connu de nombreuses campagnes de travaux, qui ont toutes contribué à la doter de son charme indéfinissable.

2017-06-08---Eglise-Saint-Pierre-(29)

Vue 360° depuis la Place Saint-Pierre

En 1978, des fouilles archéologiques dans la nef permirent de situer les origines de Saint-Pierre avant le XIe siècle, période à partir de laquelle l’église primitive fait l’objet de campagnes de reconstruction. L’église initiale était de dimensions modestes. Surmontée de deux tours, elle devait ressembler à l’église Saint-Aignan ou à celle de Rhuis.
À partir de 1029, l’église est reconstruite et agrandie selon un plan rectangulaire encore bien visible aujourd’hui. Elle est flanquée d’une tour à plan carré : ce clocher subsiste, au nord.
Au XIIIe siècle, l’édifice fait l’objet d’une série d’agrandissements. Le chœur et les transepts sont élevés selon une orientation sensiblement différente de celle de la partie ancienne et coiffés des voûtes en pierre que nous leur connaissons. Puis les chapelles latérales sont bâties. Ces agrandissements semblent répondre à l’augmentation de la population de Senlis : Saint-Pierre est alors la paroisse la plus peuplée de la ville !
Au XVe siècle, sur le clocher roman ; une flèche de pierre à huit pans vient remplacer une toiture tuilée vraisemblablement en mauvais état : le premier exercice du style, dans notre région. De nombreux clochers seront coiffés de la sorte : Eve, Versigny, Plailly, Baron, Montagny… Un style qui culmine avec la flèche de la cathédrale. C’est le signe d’un essor économique très net, ici, chez nous, et après la guerre de Cent Ans.
Àla Renaissance, l’église est habilement décorée d’une façade de style flamboyant et pourvue de portes (photo ci-dessus) monumentales sculptées. Durant les décennies suivantes, on modifie les bas-côtés qui reçoivent des chapelles. Le programme de transformation des voûtes envisagé n’est pas mené à son terme, ce qui permet à Saint-Pierre de conserver sa très belle charpente en carène renversée depuis le XVIe siècle.
Durant la seconde moitié du XVIe siècle, Rieult Noël, maître maçon, œuvre à la construction d’un campanile (photo ci-dessous) sur le bas-côté sud. Il est surmonté d’une coupole de pierre au sommet de laquelle se trouvait une grande croix rayonnante et dorée dont le dessin nous est parvenu, ce qui nous a aidé pour la restituer.
À la Révolution, l’église est fermée, désacralisée puis désaffectée et vendue comme bien national. Elle connaît alors de multiples utilisations : fabrique de chicorée, magasin à fourrage, quartier de cavalerie…
À partir de 1881, la ville la transforme en marché couvert.
L’édifice est classé Monument Historique en 1887. Saint-Pierre reste utilisée comme marché de nombreux Senlisiens s’en souviennent - jusqu’à la catastrophe aérienne survenue en forêt d’Ermenonville en 1974. Après avoir servi de chapelle ardente pour recevoir les dépouilles des victimes du drame, elle ne peut plus tenir lieu de marché et devient une salle culturelle polyvalente. Mais des désordres structurels se multiplient et elle doit être fermée au public en 2008 pour des raisons de sécurité. Après huit années d’efforts, sa restauration ouvre un nouveau chapitre de son histoire, elle revient aujourd’hui en pleine lumière.

 

Un édifice qui n’a pas livré tous ses secrets…

Vue 360° depuis les hauteurs de Saint-Pierre

© Studio Bruno Cohen
Les chercheurs en histoire de l’art et en archéologie sont au chevet de l’église Saint-Pierre. La flèche à crochets en pierre, (photo de droite)  bâtie au XVe siècle sur le clocher roman menaçait de s’écrouler. Lors de la première phase des travaux, elle a été entièrement déposée et remplacée à l’identique. Les pierres d’origine ont été mises à l’abri. Elles constituent un matériel rare pour les archéologues. Cette flèche en « kit » présente en effet une occasion unique de comprendre les moyens mis en œuvre pour construire ce type d’ouvrage. Outils de taille, techniques et matériaux d’assemblage, liants et composition des mortiers… Une mine d’information pour Mathieu Lejeune, Doctorant en Histoire de l’art médiévale auprès du Centre André Chastel et de l’Université Paris-Sorbonne. Administrateur de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, ce spécialiste des flèches architecturales médiévales a trouvé dans la Cité Royale un terrain de recherche privilégié en l’église Saint-Pierre et en la Cathédrale et il a attiré notre attention pour que soit conservé ce précieux vestige archéologique.
Par ailleurs, les recherches récentes menées par l’Université de Picardie, sous la plume de Julie Aycard van Bellighen, ont conduit à revoir la chronologie de construction de l’église Saint-Pierre et la paternité de sa façade occidentale. Cette chercheuse s’est notamment penchée sur le marché de construction de la façade, conservé aux Archives Départementales de l’Oise. Le document, très précis, détaille le choix des sculptures à apposer sur la façade, les techniques employées et les matériaux requis, et il identifie les maîtres d’œuvre : Jehan Ancel, Michault de Bray et Henry Chippault, qui entreprennent la construction à partir de 1515, dans un style s’inspirant de celui des Chambiges.
La découverte d’un tel document avec toute sa précision est rarissime. Elle démontre, une fois de plus, la dimension unique du patrimoine de Senlis. Pour les périodes du Moyen Âge et du début de l’époque Moderne, il reste en effet difficile de pouvoir retrouver les auteurs d’une œuvre architecturale. Ancel, Bray, Chippault sont des noms moins célèbres que celui des Chambiges. Mais cette découverte souligne l’influence considérable que les  maîtres-architectes ont eue et dont on retrouve la forme d’expression dans les lignes élégantes de la façade de Saint-Pierre. À admirer !

© Pierre de Montalte

Vues en 360° de l'intérieur : Vue 1 | Vue 2 | Vue 3

L’Espace Saint-Pierre aujourd’hui

La fermeture au public fut une décision certainement difficile. Avec la conséquence d’avoir à faire face à des travaux extrêmement lourds et longs. La municipalité a voulu mener ces travaux afin de retrouver cet espace culturel polyvalent, qui supposait la consolidation des structures et nécessitait une mise aux normes complète pour une utilisation moderne.
Nous y sommes !
L'objectif est de redonner la possibilité d'y produire nos manifestations :  municipalité, associations senlisiennes…
Compte tenu de la grande qualité du travail réalisé, il est souhaitable « d’ouvrir » l’Espace St-Pierre à des manifestations prestigieuses pour qu’elles puissent s’y dérouler : culturelles, commerciales, privées ou publiques.
Un barème a ainsi été mis en place selon des critères de dates ou d'utilisation, de façon à offrir des services différents selon les interlocuteurs : Senlisiens ou non, associatifs ou commerciaux, en semaine ou le week-end, en haute ou basse saison...
Les premières manifestations se sont tenues au mois de mai, et les Journées Européennes du Patrimoine remettent l’Espace Saint Pierre sous les projecteurs.
Contact location : Direction des Affaires Culturelles.

Travaux engagés au cours des 5 dernières années

St-Pierre-travaux

Après l’étude préalable nécessaire pour intervenir sur un bâtiment classé à l’inventaire des Monuments Historiques, les travaux suivants ont été décidés et se sont déroulés depuis cinq ans, sans surprise ni catastrophe majeure : 

Plus de 4 millions d’euros investis en 5 ans

Étalé sur 5 exercices, de 2013 à 2017, un investissement raisonnablement pensé au regard d’aides publiques en diminution.• 2013 : 139 k€

 Subventions reçues ou à recevoir :

 

Voici ce que vous verrez au-dessus de vos têtes (photo de gauche) en pénétrant dans le vestibule d’entrée. Trois côtés vitraillés apportent une lumière naturelle, douce et puissante. Le quatrième reste aveugle car il se trouve adossé à la nef de l’église. Deux des trois baies sont constituées de trois panneaux, le troisième n’en a que deux. La partie en bois, soit le plafond, correspond au plancher de la pièce qui se trouve au dessus. Cette dernière sera accessible par un escalier à vis. Elle est fermée et vitraillée sur ses quatre côtés.

Au-dessus encore, voici la pièce supérieure qui reste ouverte à tous les vents. Autrefois, les visiteurs s’appuyaient déjà à la balustrade que l’on distingue en haut et à droite de la photo. Ici le plancher en cours d’installation a été recouvert d’une feuille de métal pour assurer l’étanchéité. La pièce supérieure reste ouverte à tous vents. Une balustrade offre une vue déjà remarquable.

Un effort supplémentaire et vous accéderez à la terrasse... Par l’escalier à vis de 220 marches particulièrement étroites. Une fois l’église ré-ouverte au public, si les groupes resteront limités à moins d’une dizaine de personnes, les Senlisiens, visiteurs et autres touristes valides pourront apprécier la cité depuis un point de vue exceptionnel qui a inspiré de nombreux artistes, parmi lesquels, le peintre Charles-Jean Hallo et le dessinateur Henri Leblanc. Voici la flèche de la cathédrale Notre Dame qui se détache sur un ciel pur, au-delà des pyramidions de Saint-Pierre. Ces pyramidions (une paire à chaque angle) participent à l’harmonie des lignes de cette tour. Leurs pointes ont été restituées dans la plupart des cas car elles avaient disparu. Ainsi, avec le dôme sommital remis en place et soutenu par les consoles en forme de volutes, lui même surmonté de la croix et du coq, dont plus personne n’avait le souvenir, cette tour a retrouvé un équilibre harmonieux que nous ne lui connaissions pas, à travers ces éléments de décor que nous avions perdu. En 2017, vous pourrez admirer ou découvrir, non seulement l’église rénovée, avec son panorama exceptionnel sur l’ensemble de notre Ville, mais aussi les rares statues qui nous soient parvenues : le tronc de Saint-Pierre ; la vierge à l’enfant présentant une grappe de raisins ; le très beau Saint Paul.

En 1978, des fouilles archéologiques dans la nef permirent de situer les origines de Saint-Pierre avant le XIe siècle, période à partir de laquelle l’église primitive fait l’objet de campagnes de reconstruction. L’église initiale était de dimensions modestes. Surmontée de deux tours, elle devait ressembler à l’église Saint-Aignan ou à celle de Rhuis.
A partir de 1029, l’église est reconstruite et agrandie selon un plan rectangulaire encore bien visible aujourd’hui. Elle est flanquée d’une tour à plan carré : ce clocher subsiste, au nord.
Au XIIIe siècle, l’édifice fait l’objet d’une série d’agrandissements. Le chœur et les transepts sont élevés selon une orientation sensiblement différente de celle de la partie ancienne et coiffés des voûtes en pierre que nous leur connaissons. Puis les chapelles latérales sont bâties. Ces agrandissements semblent répondre à l’augmentation de la population de Senlis : Saint-Pierre est alors la paroisse la plus peuplée de la ville !
Au XVème siècle, sur le clocher roman ; une flèche de pierre à huit pans vient remplacer une toiture tuilée vraisemblablement en mauvais état : le premier exercice du style, dans notre région. De nombreux clochers seront coiffés de la sorte : Eve, Versigny, Plailly, Baron, Montagny… Un style qui culmine avec la flèche de la cathédrale. C’est le signe d’un essor économique très net, ici, chez nous, et après la guerre de Cent Ans.
A la Renaissance, l’église est habilement décorée d’une façade de style flamboyant et pourvue de portes  (photo ci-dessus) monumentales sculptées. Durant les décennies suivantes, on modifie les bas-côtés qui reçoivent des chapelles. Le programme de transformation des voûtes envisagé n’est pas mené à son terme, ce qui permet à Saint-Pierre de conserver sa très belle charpente en carène renversée depuis le XVIe siècle.
Durant la seconde moitié du XVIe siècle, Rieult Noël, maître maçon, œuvre à la construction d’un campanile (photo ci-dessous) sur le bas-côté sud. Il est surmonté d’une coupole de pierre au sommet de laquelle se trouvait une grande croix rayonnante et dorée dont le dessin nous est parvenu, ce qui nous a aidé pour la restituer.
A la Révolution, l’église est fermée, désacralisée puis désaffectée et vendue comme bien national. Elle connaît alors de multiples utilisations : fabrique de chicorée, magasin à fourrage, quartier de cavalerie…
A partir de 1881, la ville la transforme en marché couvert.
L’édifice est classé Monument Historique en 1887. Saint-Pierre reste utilisée comme marché   de nombreux Senlisiens s’en souviennent - jusqu’à la catastrophe aérienne survenue en forêt d’Ermenonville en 1974. Après avoir servi de chapelle ardente pour recevoir les dépouilles des victimes du drame, elle ne peut plus tenir lieu de marché et devient une salle culturelle polyvalente. Mais des désordres structurels se multiplient et elle doit être fermée au public en 2008 pour des raisons de sécurité. Après huit années d’efforts, sa restauration ouvre un nouveau chapitre de son histoire, elle revient aujourd’hui en pleine lumière.
Un édifice qui n’a pas livré tous ses secrets…
Les chercheurs en histoire de l’art et en archéologie sont au chevet de l’église Saint-Pierre. La flèche à crochets en pierre, (photo de droite)  bâtie au XVe siècle sur le clocher roman menaçait de s’écrouler. Lors de la première phase des travaux, elle a été entièrement déposée et remplacée à l’identique. Les pierres d’origine ont été mises à l’abri. Elles constituent un matériel rare pour les archéologues. Cette flèche en « kit » présente en effet une occasion unique de comprendre les moyens mis en œuvre pour construire ce type d’ouvrage. Outils de taille, techniques et matériaux d’assemblage, liants et composition des mortiers… Une mine d’information pour Mathieu Lejeune, Doctorant en Histoire de l’art médiévale auprès du Centre André Chastel et de l’Université Paris-Sorbonne. Administrateur de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, ce spécialiste des flèches architecturales médiévales a trouvé dans la Cité Royale un terrain de recherche privilégié en l’église Saint-Pierre et en la Cathédrale et il a attiré notre attention pour que soit conservé ce précieux vestige archéologique.
Par ailleurs, les recherches récentes menées par l’Université de Picardie, sous la plume de Julie Aycard van Bellighen, ont conduit à revoir la chronologie de construction de l’église Saint-Pierre et la paternité de sa façade occidentale. Cette chercheuse s’est notamment penchée sur le marché de construction de la façade, conservé aux Archives Départementales de l’Oise. Le document, très précis, détaille le choix des sculptures à apposer sur la façade, les techniques employées et les matériaux requis, et il identifie les maîtres d’œuvre : Jehan Ancel, Michault de Bray et Henry Chippault, qui entreprennent la construction à partir de 1515, dans un style s’inspirant de celui des Chambiges.
La découverte d’un tel document avec toute sa précision est rarissime. Elle démontre, une fois de plus, la dimension unique du patrimoine de Senlis. Pour les périodes du Moyen Âge et du début de l’époque Moderne, il reste en effet difficile de pouvoir retrouver les auteurs d’une œuvre architecturale. Ancel, Bray, Chippault sont des noms moins célèbres que celui des Chambiges. Mais cette découverte souligne l’influence considérable que les  maîtres-architectes ont eue et dont on retrouve la forme d’expression dans les lignes élégantes de la façade de Saint-Pierre. A admirer ! 

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Senlis - Espace Saint-Pierre